
En tant que modèle régional de progrès en matière de droits des femmes, la Tunisie doit maintenir cette dynamique et éviter toute régression. Cela passe par une vigilance accrue face aux défis économiques et sociaux, un engagement renforcé dans l’éducation et l’autonomisation des femmes.
Pionnière dans le monde arabe en matière de droits des femmes, la Tunisie réaffirme son engagement en faveur de l’égalité des sexes. À l’occasion de la 69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69, principal organe des Nations unies dédié à la promotion de l’égalité et à l’autonomisation des femmes), qui se tient à New York du 10 au 21 mars sous la présidence du Royaume d’Arabie saoudite, la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors, Asma Jebri, a mis en avant les avancées réalisées par la Tunisie, tout en soulignant les défis qu’il reste à relever pour garantir une égalité réelle et durable.
Un modèle de référence dans le monde arabe
La Tunisie s’est imposée comme un modèle dans le monde arabe en matière de droits des femmes, grâce à une série de réformes progressistes. Elle a été l’un des premiers pays de la région à abolir la polygamie, à garantir l’égalité devant le divorce et à encourager la participation politique des femmes, notamment par l’instauration de la parité dans les élections locales et nationales. Ces avancées, renforcées par des dispositifs législatifs, traduisent un engagement constant en faveur de l’égalité des sexes.
Parmi les réformes récentes, la loi de 2017 contre les violences à l’égard des femmes constitue une avancée majeure dans la protection des droits fondamentaux des Tunisiennes. Cette législation a renforcé les mesures de prévention, de protection et de sanction des violences basées sur le genre, tout en favorisant l’accompagnement des victimes.
Si notre pays a longtemps été considéré comme pionnier en matière de droits des femmes dans le monde arabe, d’autres pays de la région ont également entrepris des réformes significatives pour améliorer la condition féminine. Des pays comme le Maroc, l’Algérie et l’Arabie saoudite ont récemment introduit des mesures pour élargir les droits des femmes, notamment en matière d’accès au travail, de participation politique et de protection contre les violences. Toutefois, la Tunisie demeure un modèle de référence, avec un cadre législatif avancé et une société civile fortement engagée.
Des avancées mais des défis persistants
Certains défis demeurent toutefois pour éviter la stagnation. La ministre a ainsi appelé à redoubler d’effort pour améliorer l’accès des femmes au marché du travail, notamment dans les secteurs stratégiques tels que la technologie et les sciences. L’écart salarial entre hommes et femmes, bien qu’atténué, reste un enjeu crucial, tout comme la précarité de l’emploi féminin dans le secteur informel. L’éducation des filles et leur accès aux postes de responsabilité sont également des priorités pour garantir une société plus équitable et inclusive. La ministre a ainsi réaffirmé l’importance de programmes de formation et d’accompagnement pour encourager l’entrepreneuriat féminin et faciliter l’accès aux financements.
Une mobilisation sur la scène internationale
Asma Jebri a participé à plusieurs rencontres de haut niveau, notamment le séminaire «Les réalisations et défis dans la région arabe : trente ans après Pékin», présidé par la ministre d’État libyenne chargée des Affaires de la Femme. Elle y a exposé les efforts tunisiens pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin, avec un accent sur la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire et l’intégration de l’égalité des sexes dans le budget national.
En signe de solidarité avec la Palestine, la ministre a également pris part à un événement ministériel parallèle organisé par la Ligue des États arabes et ONU Femmes, mettant en lumière le rôle des femmes de Gaza dans la lutte pour la dignité et la liberté.
Perspectives pour une évolution continue
En tant que modèle régional de progrès en matière de droits des femmes, la Tunisie doit maintenir cette dynamique et éviter toute régression. Cela nécessite une vigilance accrue face aux appels à un retour en arrière, ainsi qu’aux défis économiques et sociaux, et un engagement renforcé en faveur de l’éducation et de l’autonomisation des femmes. Une femme autonome financièrement est une femme responsable, capable de s’affirmer et de contribuer pleinement au développement de la société.
La participation de la délégation tunisienne à la CSW69 illustre ainsi cette volonté de poursuivre les avancées, tout en reconnaissant les défis restants. Plus qu’un simple bilan des réalisations, la présence tunisienne témoigne d’une détermination à inscrire l’égalité entre les femmes et les hommes dans une dynamique de progrès constant. Car au-delà des lois et des discours, c’est par l’engagement des institutions, les avancées législatives, l’implication des citoyens, ainsi que par l’éducation et les programmes scolaires que l’égalité deviendra une réalité vécue par toutes les Tunisiennes, quels que soient leur milieu social, leur niveau d’instruction et qu’elles résident en milieu rural ou urbain.